Quatrième de couverture :
Cela vous dirait d’entendre dix fois par jour « arrête de trainer dans mes pattes » ? Je sais bien que ce n’est pas recommandé, mais dans mon cas, ça devient salutaire ! En effet, je prête mes yeux à ma maîtresse et je la conduis là où elle le désire en la sécurisant le plus possible... Mais avant d’en arriver là, il m’en a fallu du chemin ! Je vous propose d’en faire un bout avec moi, tout en découvrant mon existence de chienne destinée à aider les personnes mal-voyantes ou aveugles... Plongez dans mon intimité timide et dévouée, vous craquerez, à coup sûr !
CHAPITRE 1
La Genèse
Vous ne me connaissez pas encore, et pour cause ! J’insiste sur le mot « encore » car, en effet, je ne suis pas née. Je n’en suis même pas au stade de la rencontre du spermatozoïde et de l’ovule, alors vous pensez ! …
Je vais oser vous livrer en avant-première ma future vie en commençant par vous confier le nom qui m’est prédestiné : « JAMBA ». Ma maîtresse dira, un jour : « c’est « une jambe avec un A ».
Avant de devenir l’être exceptionnel que je suis, il m’est arrivé des aventures originales. Je vous assure, tout n’a pas été un long fleuve tranquille.
Pour autant, tout a commencé par une vague sensation cotonneuse comparable à des nuages blancs traversés régulièrement par un rayon lumineux. J’avais l’impression de flirter avec les étoiles, la lune, le soleil… bref, je ne sais plus trop !
Dans la douceur tiède du milieu ambiant et le calme régnant, j’espérai que cette situation angélique perdurerait mais non.
Il est un fait que je suis encore immatérielle puisque pas encore une cellule. Je suis donc censée n’être rien… ou pas encore quelque chose ! Cependant, j’ai l’impression de faire exception à la règle, car je suis déjà dotée de la pensée !
En ce moment, je saute, cours et esquive des écueils placés sur mon chemin. On veut m’agripper mais c’est peut-être une vue de mon esprit ? Si l’on me harponne autant que cela soit agréable.
Gloups, ça y est mais, quelle surprise, je ne suis pas toute seule !
Je me tapis dans un coin et constate que je suis dans un immense tunnel, entourée de millions de bidules qui s’activent, se chamaillent et me bousculent, comme s’ils voulaient prendre ma place. Je les laisse faire et j’attends mon heure. Pour m’occuper, je me lance dans le travail titanesque de recenser tous ces fous. Finalement, après m’être trompée plusieurs fois, avoir compté et recompté, j’arrive à 299.900 millions de bestioles aux traits identiques aux miens. Affolant, je vous dis !
Occupée à réviser mes leçons de mathématiques, les copains continuent de s’exciter et le carnage auquel j’assiste me laisse pantoise.
Des milliers d’entre eux sont déjà hors course, épuisés, gisant le ventre en l’air comme des moribonds. Au fil du temps, leur nombre s’accroît de manière inquiétante. Je suis maintenant entourée de malfaisants dont les membranes essayent de m’agripper mais je me défends. Je louvoie doucement et je navigue à vue dans toute cette marée de bêtes microscopiques. Au fil du temps, ils disparaissent presque tous. Il en reste plusieurs dizaines, fatiguées ou amochées.
Cette affaire a commencé depuis plusieurs heures et seuls quelques-uns restent combatifs. Je m’approche tout doucement, en faisant le moins de bruit possible et, mue par un espoir insensé, je profite d’un passage et m’y engouffre à toute vitesse. Je m’enfonce alors dans une sorte de texture exhalant de divines senteurs.
Sans que je puisse en expliquer les raisons, je comprends… Nous sommes des spermatozoïdes et nous nous trouvons dans un ovule. J’en déduis être déjà dotée d’intelligence. Bizarre…